Concept d’urbanisme tactique.

L’urbanisme tactique est une façon d’accompagner la ville dans sa transformation « sociale ». Au cœur du débat français, il répond de manière efficace aux besoins de repenser la ville et apporte des réponses rapides là où l’urbanisme institutionnel serait trop lent. Il permet d’adapter l’espace aux besoins des habitants de manière temporaire. Constatant ces dernières semaines que l’aménagement urbain influence le comportement des usagers, s’intéresser à l’urbanisme tactique c’est se rapprocher de solutions qui apportent des réponses précises aux problématiques rencontrées lors de cette pandémie.Quelle est notre relation à l’espace public ? Par expérimentation, l’urbanisme tactique tente d’y répondre. Mobilité, aménagement, habitat, autant de transformations urbaines qui doivent s’articuler autour de la création de liens avec l’usager. Pistes cyclables temporaires, réquisitions de places de stationnement (concept du « parklet » par le collectif Rebar, lancé en 2005 à San Francisco) ou de mobilier urbain, ces initiatives s’intéressent à la réinvention de « biens communs ».
Au cœur de cette démarche, des actions à petites échelles, innovantes, rapides, légères et réversibles.

« Reconquête urbaine »

Avec l’urbanisme tactique, les citoyens se réapproprient l’espace urbain et favorisent l’émergence d’un urbanisme temporaire. Entré dans le débat public français (tardivement) en réaction à la crise sanitaire actuelle, ce concept prend pourtant racine, il y a plus de 50 ans à San Francisco avec pour constat : l'emprise grandissante de la voiture sur l'espace public. Réflexion globale sur l’utilisation de l’espace public urbain, il induit un impact social évident. Au-delà de son aspect pratique et temporaire pour répondre à un contexte sanitaire particulier, il faut espérer que ces infrastructures provisoires permettent de tester une nouvelle organisation de la ville et deviennent des solutions pérennes une fois sorti de la crise.

Répondre à l’évolution sociétale

L’urbanisme tactique s’envisage comme une ouverture au champ des possibles. Dans un contexte de plus en plus grandissant des transitions environnementales, sociétales et technologiques, ce phénomène propose une vision collaborative de la recherche de solutions en adéquation à un développement plus durable. Il rassemble des compétences diverses pour des objectifs communs positifs qui permettent de faciliter l’évolution des usages et des espaces publics. C’est un processus dont l’accent est mis sur le « collectif », pour une ville plus ouverte, qui répond davantage aux aspirations des citadins.

L’urbanisme tactique, c’est aussi aller outre les difficultés qu’ont les gens d’un même quartier à échanger. C’est favoriser les cohésions sociales par le biais de projets qui poussent les habitants à être force de proposition.

La mobilité comme enjeu crucial

L’engouement pour cet urbanisme, plus présent ces derniers temps qu’à l’accoutumée, provient des pistes cyclables temporaires. Initiative aperçue dans les villes de Mexico, Bogotá et d’autres grandes villes du monde, elle a été lancée afin d’apporter une réponse rapide aux conditions de circulation régies par la distanciation sociale. La crise sanitaire du Covid-19 a révélé de manière flagrante les limites de la mobilité urbaine. Alors que les voitures prennent presque le monopole des villes, l’espace restreint réservé aux piétons a été mis en lumière. L’usage des vélos, déjà bien appréhendé par les grandes villes ne s’est pas démenti et prouve qu’il est devenu un moyen de transport quotidien plébiscité dans les centres-villes. Un boom qui tend à se consolider encore au vu de la crise, qui éloigne les citadins des transports en commun. Encore faudrait-il que ce ne soit pas en faveur de la voiture individuelle.

La légitimé des mobilités douces est renforcée, avec au bout, la réflexion urbanistique.

L'avis Créquy


Le sujet est riche et les exemples ne manquent pas sur la toile, à l’instar de l’hashtag apparu sur twitter courant avril : #UrbanismeTactique.

L’urbanisme tactique a l’avantage d’être largement accessible, car peu coûteux et plus souple. Toutefois, il serait sage de ne pas tomber dans des initiatives « coup de com » faites par les villes et de ne pas se confondre dans une logique d’urgence plus qu’une logique du réversible. La production des villes reste d’une grande complexité.

Mettre en place cette stratégie d’urbanisme, c’est aussi faire des choix. C’est trancher sur la place de la voiture dans nos centres-villes… Que sommes-nous prêts à sacrifier de nos usages habituels pour faire mieux vivre le collectif et valoriser notre espace commun ? 

Comme il a été évoqué plus haut, c’est aussi le champ des possibles qu’ouvre cette forme d’urbanisme, qui pourra largement faire place à des belles initiatives et aux esprits les plus créatifs.

 

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